- STRUNIEN
- STRUNIENSTRUNIEDivision stratigraphique marquant le passage entre le Dévonien et le Carbonifère. Défini par C. Barrois en 1913, le Strunien correspond à la zone d’Etrœungt (localité proche d’Avesnes, dans le département du Nord), qui est caractérisée par un niveau de calcaires coquilliers et de schistes contenant la dernière faune dévonienne dans laquelle s’insèrent des fossiles de la base de Carbonifère (Tournaisien).La zone d’Etrœungt, découverte par J. Gosselet en 1853, montre qu’il existe un passage insensible entre le Dévonien et le Carbonifère en certains points privilégiés (Ardennes, Massif schisteux rhénan), tandis qu’ailleurs, par exemple dans le Sahara occidental, une émersion correspondant à une phase acadienne-bretonne provoquait la disparition brusque des faunes dévoniennes.Le Strunien existe au Maroc, en Grande-Bretagne (zone M à Modiola et Pilton beds inférieurs), en Eurasie (zone à Quasiendothyra kobeitusana ). Sa base seule paraît présente dans le sud de la Chine.La distribution relativement faible du Strunien est due au fait qu’il correspond à une période de grands mouvements crustaux: la terminaison de l’orogenèse acadienne des Appalaches coïncide en effet avec l’orogenèse bretonne d’Europe occidentale (la paléogéographie d’avant la dérive montre que les deux chaînes étaient alors en connexion); la fin des mouvements de la chaîne groenlandaise (est du Groenland) en est aussi contemporaine. La bordure orientale de l’Oural était fortement volcanisée. Une grande orogenèse circumpacifique affecte le sud de la Chine, l’est de l’Australie et les montagnes Rocheuses.Dans la localité type, le Strunien est formé par une prairie de Crinoïdes triturée par l’action des courants et progressivement enfouie dans les sédiments. En bordure nord de la Téthys, dont la géographie se révèle très mobile, depuis la Chine méridionale jusqu’en Allemagne occidentale s’étend la mer à Goniatites qui, au Sahara se retire lentement, coupant les communications avec l’Europe, si bien que les Goniatites n’y figurent que comme descendants de formes dévoniennes évoluées sur place, à quelques individus près. Puis la faune marine disparaît, balayée par un estuaire. Dans le Sud marocain, elle n’atteignait ni Erfoud au nord, ni Béchar à l’est. La mer est restée plus longtemps dans le Maroc central et dans la Chaouïa, où la faune coquillère et littorale témoigne de conditions instables.Sur la plate-forme russe, la mer transgressait vers l’ouest-nord-ouest et communiquait par intermittence avec celle de l’Europe occidentale au niveau du Pripet, entre le dôme de Voronej et le bouclier ukrainien.En Amérique du Nord, la mer régresse des bassins de Williston et de l’Alberta, puis revient (Kinderhookien), faisant se succéder rapidement des évaporites, des dépôts de mer ouverte, puis des faciès lagunaires ou deltaïques dans une géographie qui est déjà celle du Tournaisien.On notera surtout les derniers représentants des Cyrtospiriféridés, chez les Brachiopodes, des Phacopidés, chez les Trilobites, et de la plupart des familles dévoniennes de Goniatites et de Clyménies. Parmi ces dernières, Wocklumeria et des genres voisins sont caractéristiques du Strunien. En ce qui concerne les Conodontes, c’est la partie moyenne de la zone à Spathognathodus costatus .L’essor est donné à de nombreuses algues calcaires et les Foraminifères ne se développent vraiment qu’à partir du Strunien, avec surtout des Endothyridés et des Tournayellidés. Les premiers Cnidaires de type carbonifère (Clisiophyllum Caniniidés, entre autres), des Spiriféridés comme Fusella tornacensis , qui continuera au Tournaisien, les Proétacés, qui seuls subsisteront après le Strunien, sont abondants.Mais la biologie terrestre du Strunien nous offre le départ le plus intéressant. Au mont Celsius (Groenland oriental), près de Crossoptérygiens desquels ils se rapprochent encore, apparaissent les Ichthyostégidés, qui sont les plus anciens vertébrés tétrapodes.
Encyclopédie Universelle. 2012.